Le lien entre le climat et la sécurité nationale
Les forces de défense sont à la recherche de moyens pour décarboniser le secteur de la défense. Le général Tom Middendorp, ancien chef de la défense des Pays-Bas et auteur du livre Klimaatgeneraal (Uitgeverij Podium, février 2022), s’est entretenu avec Axel Esqué, partenaire chez McKinsey, pour discuter des risques de sécurité liés au changement climatique, des stratégies pour décarboniser le secteur de la défense et de la possibilité que les efforts de durabilité puissent rendre les unités militaires plus opérationnelles.
Le général Middendorp a expliqué que l’interaction entre le climat et la sécurité n’est pas toujours évidente, mais que les services de renseignement américains ont alerté sur cette interaction depuis plus de 20 ans. Les effets sont déjà visibles dans le travail militaire. En Afghanistan, les pénuries d’eau ont entraîné des tensions dans les populations, qui ont été exploitées par les talibans. En Somalie, l’augmentation des sécheresses a poussé les pauvres agriculteurs et pêcheurs à la piraterie. Au Mali, les bergers et nomades ont été contraints de rejoindre des organisations extrémistes.
Le général Middendorp a également souligné que le changement climatique aura des effets directs et indirects sur le paysage mondial de la défense. Les forces militaires devront s’adapter à un climat changeant en adaptant leur équipement et leurs uniformes. Elles devront également réduire leurs propres émissions pour atteindre les objectifs climatiques et devenir plus indépendantes sur le plan énergétique. Les effets indirects comprennent les migrations et les tensions politiques, ainsi que l’augmentation des catastrophes naturelles et des changements géopolitiques.
NATO s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 45 % d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le général Middendorp estime que cet objectif est ambitieux mais nécessaire et il encourage les États membres à le suivre. Il voit cela comme une opportunité pour le secteur militaire d’embrasser le potentiel des technologies vertes et d’être une plate-forme pour l’innovation.
Enfin, le général Middendorp a souligné que la priorité pour les organisations de défense qui pensent à la durabilité est de « climatiser » leurs organisations, leurs politiques et leurs équipements. Les entreprises devraient se concentrer sur la recherche et le développement pour réduire l’empreinte logistique des unités militaires et maximiser leur indépendance énergétique sans réduire leur efficacité au combat. Les efforts de durabilité peuvent également avoir un effet sur l’efficacité opérationnelle.